martedì 27 agosto 2024

COINCIDENCE 2 - Chapitre 4

 


CHAPITRE 4: Luke

Un mois plus tard.

 

« Je veux sortir », déclarai-je d'un ton pérempitoire. Cela faisait plus d'un mois que j'étais coincé dans ce putain de lit d'hopital ; qui sait où pouvait être passée Tessa. Chaque jour qui s'égrenait voyait la colère me dévorer, incapable de s'apaiser à cause de l'absence d'informations sur sa recherche.

Le médecin tenta de me faire réfléchir : « Monsieur Vasilyev, votre état de santé n'est pas encore... »

« Je m'en fiche. »

« Faites ce qu'il vous demande », intervint mon père.

« Bien. Alors je vous fais une prescription pour les médicaments que vous devrez prendre. Les analgésiques... »

« Non, pas d'analgésique », décréta mon père avec sévérité.

« La blessure n'est pas encore refermée et la douleur est encore vive. »

« La douleur rappellera à mon flls l'erreur qu'il a commise en épousant cette femme ; ce sera un avertissement pour le jour où il la reverra... afin de lui éviter une rechute », expliqua Sergei.

« Pas de risque », répliquai-je. Je haïssais Tessa à un point tel que l'idée de la pardonner ou de la ramener dans ma vie ne m'effleurait aucunement.

Quelques heures plus tard j'étais déjà en voiture, en route vers la maison.

Craintivement, Denver s'efforça de me prévenir : « Nous n'avons touché à rien. » Alors que mon père voulait que je souffre, Denver était effrayé à l'idée de mon retour.

Cette maison que j'avais partagée pendant une année avec ma femme.

Ce souvenir fut comme un coup de poignard au cœur mais je demeurai froid et impassible. Je ne permettrai à personne de me fragiliser ni de me rendre vulnérable. Encore moins celle qui m'avait tiré dessus.

Arrivé à Corktown, je descendis avec désinvolture de la voiture, malgré les signes avant-coureurs de la douleur due à la blessure.

J'entrai dans la maison mais, dès que l'odeur des lieux me titilla les narines, je me sentis à un pas de l'abîme.

Je dus m'appuyer au mur pour reprendre le contrôle de mon corps branlant et frissonnant, tandis que mon esprit s'efforçait de se remémorer cette atmosphère où flottait un mélange d'odeurs, allant du désodorisant aux fruits violets, le préféré de Tessa, jusqu'au subtil parfum de gâteau et de chocolat, passion de Tessa, et enfin son propre parfum à elle.

Je sentis que mes poumons se serraient pour repousser cette invasion olfactive mais, en peu de temps, j'étais à court d'oxygène et la douleur à la poitrine revint, plus forte et plus violente que jamais.

J'avais juré à mon père que je ne me bourrerais pas d'analgésiques ou de calmants mais, à ce moment précis, j'aurais voulu me noyer dans n'importe quelle substance qui mît fin à ce supplice.

« Ça va ? », s'inquiéta Evan.

Avec difficulté je parvins à articuler : « Apporte-moi un scotch », tout en me dirigeant péniblement vers le salon : là, le cadre posé sur le poste de télévision et les livres sur la table basse devant le divan, couvert de coussins aux motifs fleuris, choquèrent mon regard. Tessa avait passé des heures dans cette pièce et l'avait embellie comme bon lui semblait.

Comment avais-je pu l'autoriser à envahir ainsi mon espace vital et ma maison ?

Je l'aimais. Voilà pourquoi.

Dans la cuisine, sur le plan de travail étaient disposés les derniers ustensiles qu'elle avait achetés pour se consacrer à ses essais de chocolatière. Je me remémorais notre dispute à propos de sa décision de suivre un cours de création d'œuvres en chocolat. Le cours devait avoir lieu à Chicago et elle aurait dû s'absenter pendant deux mois. Devant mon refus catégorique, elle s’était fâchée et elle m'accusa de ne pas lui faire confiance.

Pendant un bref instant je revécus ce moment. C'était comme si quelqu'un m'avait planté un poignard dans la poitrine. Je dus m'asseoir.

Je fermai les yeux pour essayer de me calmer ; mais tout mon corps ne transmettait que des sensations douloureuses.

Une douleur insupportable, lancinante, viscérale et oppressante. Une fois encore, à chaque battement de cœur, je percevais la balle en train de se loger dans ma poitrine.

Qui sait combien de temps je restai ainsi, debout, haletant, torturé de douleur ; mais quand j'ouvris les yeux je vis un verre de scotch déposé devant moi.

Je le pris. J'en avalai une gorgée : l'alcool me brûla la gorge, ce qui remplaça momentanément la douleur à la poitrine.

Calmement et avec difficulté, je me levai pour monter à l'étage.

Je commençais à emprunter le couloir qui menait à l'escalier quand ma tête se tourna vers la droite, par automatisme, en direction des photos encadrées qui recouvraient tout ce pan de mur.

Dès que mes yeux se posèrent sur ceux de Tessa, habillée d'une robe de fine laine blanche, devant une fenêtre ouverte sur la mer d'où l'on  apercevait le détroit de Gibraltar, je me sentis défaillir.

Ses yeux châtains reflétaient le bonheur et me regardaient avec amour. Ses joues étaient écarlates ; elle montrait fièrement l'alliance que je lui avais passée au doigt une heure auparavant, durant la célébration de notre mariage. Sur cette photo, je paraissais heureux et je lui souriais également.

Comment avais-je pu être aussi naïf ?

Dans un élan de colère je donnai un coup de poing au cadre : en tombant au sol, le verre se brisa en mille morceaux, exactement comme mon cœur lorsque Tessa m'avait tiré dessus.

Je parcourus du regard les autres photos me demandant si, à l'époque, Tessa avait déjà planifié mon homicide.

Oui, probablement.

Le cœur brisé, tailladé par la balle, je gravis les marches de l'escalier en flanquant tous les cadres par terre.

La chose me fatigua plus que prévu et, en arrivant dans la chambre à coucher, je dus m'asseoir pour reprendre mon souffle.

Je n'allais pas bien et le médecin avait eu raison de me conseiller de prolonger l'hospitalisation.

Il m'avait suffi de pénétrer dans la maison pour comprendre que je n'étais pas prêt.

Franchir le seuil de la chambre que j'avais partagée avec Tessa pendant plus d'une année ne fit qu'augmenter ma souffrance.

Pendant un court instant, l'image de nous deux en train de faire l'amour me traversa l'esprit.

Je lui avais tout donné : mon corps, mon âme et mon cœur.

À présent Tessa m'avait détruit, brisant tout mon être.

Je me sentais comme un morceau de bois provenant d'un navire qui aurait chaviré au cours d'une tempête.

Rien n'aurait survécu du naufrage, sauf ce bout de bois qui flottait en pleine mer, sans cap précis, attendant le choc de la vague qui l'aurait encore brisé davantage avant de le précipiter dans les abysses marins.

Je dus respirer profondément pour me calmer et reprendre le contrôle de moi-même.

Sur le fauteuil à côté du lit était encore posée la robe élégante que Tessa avait portée au cours du dîner chez mon père en cette nuit fatidique.

Son coffret à bijoux était posé sur la table de chevet.

Je l'ouvris.

Vide.

Ose vendre un seul des bijoux que je t'ai offerts et je te retrouverai.

À chaque fois que je posais le regard sur les objets de Tessa, cette trahison me brûlait avec une intensité renouvelée ; je saisis le coffret avec rage que je lançai au mur.

Un élancement atroce parcourut tout mon bras, atteignant mon cœur et la blessure à la poitrine.

Pour la énième fois depuis que j'avais repris connaissance après le coup de feu, je fus submergé par la douleur. Une douleur pas seulement physique mais bien plus profonde et dévorante, capable d'éteindre toute parcelle d'humanité en moi.

Mes battements de cœur augmentèrent, intensifiant souffrance et émotions.

Je me mis à hurler, incapable de me contenir et de trouver la paix au fond du trou noir dans lequel j'avais été précipité.

Je me levai avec peine, cherchant des points d'appui pour atteindre la garde-robe.

Les couleurs chatoyantes et délicates des vêtements de Tessa firent violence à mes yeux.

Avec rage je saisis chaque vêtement, que j'arrachai de son cintre avant de le jeter à terre.

Mon cerveau criait, pleurait, se lamentait, incapable d'affronter ce qui m'arrivait et d'articuler clairement les questions qui me taraudaient, ce qui m'étouffait.

Comment as-tu osé me faire ça ? Comment as-tu pu me trahir d'aussi vile façon ? Je t'aimais Tessa. Je t'ai tout donné et toi... Toi tu m'as fait ça ! Pourquoi ? Parce que je t'ai laissé me...

« ... me descendre ? » dis-je dans un souffle de voix, sans force, et je m'effondrai au sol, le front recouvert de sueur. Je m'essuyai d'une main tremblante et je couvris mes yeux pour effacer cette réalité que j'avais en face de moi.

Quand je sentis ma main mouillée, je sursautai.

Je levai le regard vers le grand miroir qui séparait nos armoires respectives, où je vis mon propre reflet.

J'étais par terre, tremblant, les habits froissés. L'élégant complet noir était trop grand à présent car j'avais beaucoup maigri au cours du mois passé. En dessous, la chemise blanche laissait entrevoir les bandages à la hauteur de la poitrine et une tache rouge commençait à maculer le tissu.

Serait-ce mon cœur qui saigne ?

Je caressai ma barbe hirsute et je m'aperçus que j'étais méconnaissable avec ce visage creusé, ces yeux cernés emplis de larmes, et ce regard dont émanait douleur et affliction comme une personne en deuil.

J'étais en miettes.

De toute ma vie, jamais je n'étais tombé aussi bas.

Être ébranlé par la brutalité du monde était une chose à laquelle j'étais habitué ; mais maintenant, en face de moi se tenait un homme détruit de fond en comble.

En prendre conscience me fit sentir encore plus mal, ôtant l'étincelle d'énergie qui me restait.

« Luke ! » La voix de Denver me parvint atténuée, sur un ton préoccupé, mais m'atteignit de manière claire et directe.

Entendre des personnes se préoccuper pour moi fut un nouveau coup au cœur.

Je n'avais jamais créé de problèmes aux autres ; c'étaient les autres qui m'énervaient et m'inquiétaient.

« Emmène-moi loin d'ici. » Il ouvrit grand les yeux en entendant mes paroles suppliantes. Pendant un bref instant il resta interdit, me regardant, bouleversé ; mais il se reprit vite et m'aida à me relever.

« Je t'emmène à la villa. »

J'acceptai, me sentant comme un poids mort, tandis que je marchai soutenu par mon ami.


JE VEUX LIRE LA SUITE!

 



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