lunedì 26 agosto 2024

Touch Me - Premier chapitre


 Felicity a passé toute son adolescence écrasée par la célébrité de ses deux sœurs, les filles les plus populaires de l’école et Reines du bal. Réussir à survivre en sachant qu’elle n’était pas aussi belle et mince qu’elles fut difficile et elle choisit finalement de vivre dans l’invisibilité de peur de finir dans le collimateur des brutes de l’école. Mais les choses ont changé. Elle est en deuxième année à l’université, a deux amies fantastiques et ne se cache plus. Mais son rejet envers son propre corps est toujours bien présent et elle n’a pas encore réussi à surmonter sa peur d’être touchée.

Ryo et ses amis ont toujours été au centre de l’attention. Un seul regard lui suffit pour être craint ou désiré de n’importe qui. Un non pour réponse n’a aucun sens pour lui et ceux qui ont essayé l’ont amèrement regretté.
Sa vie a toujours été un mix d’adrénaline et de vitesse mais, bien qu’il ait toujours aimé prendre des risques, il n’aurait jamais imaginé crasher sa moto à cause d’une fille distraite, capable de toujours dire et faire la mauvaise chose au mauvais moment.
Ryo n’a pas l’intention de lui pardonner.
Felicity, rongée par la culpabilité, ferait n’importe quoi pour se faire pardonner.
Même devenir son esclave.
Mais jusqu’où peut-on tirer sur la corde avant qu’elle ne se rompe ?


Premier chapitre: Felicity




Je n’étais pas habituée à passer des soirées dans des bars.

Lorsque j’étais au lycée, il m’était arrivé d’y aller de temps en temps avec mes amies, mais je ne m’étais jamais amusée et je finissais inévitablement par faire tapisserie. Je m’étais toujours considérée comme une marginale, incapable d’interagir facilement, d’entrer dans les conversations des autres, de me montrer ou de me laisser aller.

Sortir en groupe avait toujours été difficile et pénible et après que ma sœur Bethany eut obtenu son diplôme, je m’étais encore plus refermée sur moi-même. Je n’avais pas le choix car sans ma fameuse sœur, Reine du bal et capitaine des pom-pom girls, pour m’ouvrir les portes grâce à ses amis, j’étais redevenue Miss Inconnue au Bataillon, comme avant. Les filles que j’avais fréquentées pendant trois ans étaient ses amies, pas les miennes, et j’en eus la confirmation après la fin de ses études. Aucune d’entre elles n’avait demandé après moi ni appelée pour sortir ou étudier ensemble.

J’étais restée seule toute une année, oubliée de tous et décidée à me rendre invisible aux yeux de qui que ce soit, plutôt que d’être ridiculisée ou humiliée pour mon apparence fade et si peu attrayante, à l’inverse de mes sœurs Bethany et Ava.

Me sentir acceptée et appréciée était compliqué lorsque ceux qui croisaient ma route et apprenaient qui étaient mes deux sœurs aînées, ex-Reines du bal, ne pouvaient s’empêcher de me comparer à elles.

Durant des années, j’avais supporté et souffert de cette différence. Il m’avait fallu du temps, mais j’avais enfin réussi à m’accepter telle que j’étais, avec mes cheveux frisés, mes yeux d’un marron ordinaire, ma peau sensible, mes cicatrices d’acné et mes kilos en trop.

Si aujourd’hui j’étais capable de me regarder dans le miroir sans tourner le dos, c’était grâce aux deux personnes que j’avais rencontrées durant ma première année d’université : Kira Yoshida et Alice Preston. Les deux filles les plus belles et incroyables que j’ai jamais connues et, truc de fou, mes amies ! Les miennes, sans l’aide de Bethany ou Ava. Elles m’avaient accueillie dans leur cercle sans rien savoir de moi. M’avaient acceptée pour ce que j’étais et, grâce à leur amitié, j’avais passé la plus belle année scolaire de ma vie.

J’avais rencontré Kira en cours de sociologie. Elle s’était assise à côté de moi le premier jour et m’avait complimentée sur ma coiffure et mon double chignon, me disant qu’elle adorait mais qu’elle n’arrivait jamais à le faire correctement. Cette phrase avait suffi pour me la rendre immédiatement sympathique. J’avais ensuite raté un cours et elle avait tout de suite pris soin de me laisser ses notes. Depuis ce jour, nous nous étions souvent revues pour étudier ensemble et j’avais découvert qu’elle était un authentique génie. J’avais rencontré sa compagne de chambre, Alice Preston, durant un de ces après-midi d’étude.

À la différence de Kira, toujours posée et douce, Alice m’était immédiatement apparue comme une tornade incapable de s’arrêter, même devant un danger aussi grand qu’Easton Carson, un des quatre garçons de mon lycée qui avaient régné sur tous les étudiants et enseignants comme des despotes, rendant la vie infernale à quiconque osait s’y opposer. Durant toutes mes années de lycée, j’avais fait profil bas pour éviter de finir dans leur collimateur et, grâce à ma capacité à me rendre invisible de tous, j’y étais toujours arrivée.

J’avais toutefois découvert que Kira n’était pas en reste non plus. Sous son air pur et innocent se cachait une force et une détermination hors du commun, qui lui avaient permis d’atteindre le cœur du garçon le plus revêche et réservé de mon cours de psychologie, Lucas Scott.

J’éprouvais de l’admiration et de l’envie pour mes meilleures amies, parce qu’elles étaient magnifiques, courageuses, fonceuses, capables de lutter contre l’adversité et de conquérir les garçons les plus difficiles à approcher et apprivoiser.

Elles ne s’étaient pas avouées vaincues et, aujourd’hui, toutes deux avaient un petit ami merveilleux qui les adorait. Si je pensais à Easton et à Lucas, je me demandais encore comment Alice et Kira avaient gagné des cœurs aussi rebelles et sombres que celui de ces deux garçons.

« Felicity, te voilà ! On est là ! » m’appela Kira, qui m’attendait déjà à une table du bar.

Soulagée de ne pas être arrivée la première, je courus vers elle et remarquai que Lucas était présent également.

« Salut, je les saluai.

— Ok, je m’en vais et je vous laisse, soupira Lucas après un regard entendu vers Kira. C’était une soirée spéciale filles, pour fêter mon anniversaire.

— Merci mon amour. Je t’appelle quand je retourne au campus.

— Ok, répondit-il en regardant autour de lui avec suspicion. Le bar était plein de garçons et la beauté de Kira ne passait pas inaperçue. Mais s’il y a un problème…

— Il n’y en aura pas. Vas-y maintenant et sois tranquille, tenta de le rassurer Kira qui avait encore du mal à contrôler la jalousie de Lucas.

— Je n’aime pas cet endroit, siffla-t-il en remarquant quelques jeunes attirés par Kira. Ces types là-bas attendent juste que je m’en aille pour vous sauter dessus. »

Pour vous sauter dessus ?

J’éclatai presque de rire.

Je n’étais certainement pas celle qui courait un danger, mais mon amie bien.

Je regardai Lucas. Il était toujours si attentionné et attaché à Kira. Elle m’avait parlé du passé difficile de son petit ami, de son père violent, sans personne pour lui donner un peu d’amour. J’avais ressenti de la tendresse et de la tristesse pour lui, et je pouvais comprendre son angoisse de perdre Kira. Elle était son monde, son unique source de bonheur, mais son passé le poussait toujours à voir le côté négatif des personnes et il avait donc tendance à être constamment méfiant, à avoir peur que quelqu’un puisse faire du mal à sa petite amie.

« Je te promets que je la protègerai pour toi » j’intervins en m’adressant à lui.

Lucas me rendit un de ses rares sourires et je sentis mon cœur battre la chamade.

Oui, j’étais amoureuse de lui, mais je n’aurais jamais osé m’en approcher. Lucas appartenait à Kira et je n’avais aucune intention de détruire leur si belle relation.

Lucas s’en alla enfin, mais je n’eus même pas le temps de m’asseoir que je vis arriver Alice, accompagnée d’Easton.

« Easton, va-t’en, lui ordonnait-elle, sévère.

— Je m’en vais, mais si tu fais l’idiote avec les autres garçons, je te mets en pièces, la menaça-t-il avec un faux sourire aux lèvres.

— C’est valable pour toi aussi. Essaie de me tromper pendant que tu t’amuses avec tes amis et je mets une tarentule dans ton caleçon » répliqua-t-elle nullement intimidée.

« Est-ce que ces deux-là arrivent à se parler sans se menacer ? me demanda Kira à voix basse.

— Je ne pense pas » répondis-je en gloussant. Seule Alice arrivait à tenir tête à un dingue comme Easton, et il semblait le seul capable de sortir avec elle sans se laisser écraser par le caractère volcanique de sa copine.

Ils nous saluèrent en arrivant à la table.

« Salut.

— Tu t’en vas maintenant ? C’est une soirée pour nous, entre femmes, le chassa Alice.

— Ok, je pars. On se voit plus tard, capitula Easton, mais pas avant d’avoir enlevé l’épingle à cheveux qui maintenait le chignon d’Alice.

— Enfoiré ! Il m’a fallu une heure pour réussir à faire ce chignon ! grogna Alice furieuse de cette énième taquinerie.

— C’est pour m’avoir abandonné ce soir au lieu de venir au cinéma avec moi » lui répondit-il satisfait avant de s’en aller.

Je regardai Easton s’éloigner et répondis à son salut de la main.

Je n’arrivais pas encore à croire que je venais de saluer le fameux et terrible Easton Carson.

Toutes mes années de lycée, j’avais tremblé chaque fois qu’il entrait en classe, j’avais prié pour ne jamais finir dans sa ligne de mire ou victime d’un pari…

J’avais tout fait pour l’éviter et j’y étais toujours parfaitement parvenue alors que maintenant… Easton venait de me saluer !

Ses yeux de glace faisaient encore leur apparition dans mes cauchemars mais, les derniers mois, j’avais appris à le connaître et j’avais découvert qu’il n’était pas aussi salaud que je l’avais toujours pensé.

C’était un garçon qui cachait sa fragilité sous une épaisse couche d’arrogance, mais Alice était arrivée à le maîtriser et à le faire grandir.

On ne pouvait malheureusement pas dire pareil de ses amis, que je ne voyais jamais, par chance.

La dernière fois que je m’étais retrouvée avec eux était dans une bijouterie, pendant qu’Easton choisissait une bague pour Alice.

Des mois s’étaient écoulés depuis ce jour-là et Alice, sachant combien ils me mettaient mal à l’aise, m’avait toujours évité de me retrouver en leur présence.

« Tu es très belle, Felicity, dit Kira en attirant mon attention, son regard posé sur ma robe et mes cheveux.

—Vous n’auriez pas dû vous donner autant de mal » je murmurai, rougissant d’un coup, en baissant les yeux. Me sentir observée me gênait toujours profondément. J’avais passé tant d’années à me rendre invisible que je n’éprouvais que honte et embarras lorsque quelqu’un me fixait.

Je séchai mes paumes moites sur la somptueuse robe que Kira m’avait offerte le jour avant, pour mon anniversaire. La porter m’avait demandé un effort incroyable car, aussi merveilleuse et seyante soit-elle, elle laissait trop de peau découverte et me faisait me sentir exposée au jugement des autres.

Je caressai la soie noire du décolleté en V et des manches courtes, puis descendis sur la jupe évasée et fleurie qui m’arrivait aux genoux. C’était une sensation merveilleuse qui me donnait un sentiment de liberté et de détente, mais chaque fois que je sentais un bourrelet sous le tissu, j’avais envie de m’enfuir et d’enfiler un de mes sweatshirts oversize adorés.

« C’était un plaisir pour nous » tenta de me tranquilliser Alice avec un grand sourire en jouant avec une de mes boucles fraîchement sortie de chez le coiffeur, où mon amie m’avait emmenée ce matin-là.

Je m’étais sentie renaître lorsque j’avais accepté cette transformation, abandonnant définitivement mes mèches roses et fuchsia, pour retourner à mon châtain naturel nuancé de blond jusqu’aux pointes.

Pour l’occasion, j’avais même mis mes lentilles de contact et m’étais maquillée dans des tons chauds, pour mettre en valeur mes yeux marron et ma peau mate.

« Ce look te va vraiment bien. Tu devrais toujours t’habiller comme ça. Tu es ravissante » s’exclama Kira qui avait toujours un mot gentil pour tout le monde. Ne pas se sentir à sa place était impossible avec elle. Elle avait le bon mot au bon moment en toutes circonstances.

« Mais les cadeaux ne sont pas terminés ! s’exclama Alice tandis que Kira attirait l’attention du serveur pour commander à boire et une tranche du cheesecake aux fruits rouges que nous avions choisi ensemble deux jours plus tôt, lorsque nous avions décidé de fêter mon anniversaire ce samedi après-midi.

— Mon Dieu, les filles, s’il vous plaît… Je me sens coupable… Je n’ai rien fait de tout ça pour votre anniversaire, je bafouillai, mal à l’aise.

— En fait, ce qu’on est sur le point de te dire n’est pas vraiment un cadeau, mais plutôt une proposition.

— Une proposition de quoi ? je demandai, curieuse.

— Notre seconde année d’université commence dans quelques jours et je voulais te demander si ça te disait de partager la chambre avec moi, me supplia Alice les yeux brillants d’émotion.

—Et Kira ? je demandai confuse. Alice et Kira avaient partagé la chambre 7A du dortoir Sherman durant toute la première année, alors que j’étais dans le dortoir Maxwell, à cinq blocs de distance. J’y partageais ma chambre avec Lea, une fille plus âgée avec laquelle j’avais à peine échangé deux mots de toute l’année scolaire.

— Je quitte le dortoir, m’informa Kira. L’an passé, j’étais toujours chez Lucas et cette année, on a convaincu nos parents de louer un petit studio tout près. Lucas cherche déjà un emploi pour nous faire vivre et peser le moins possible sur ma famille.

— Donc, je reste seule et j’aimerais beaucoup que tu sois ma nouvelle compagne, ajouta Alice.

— Et Easton ?

— Il a tenté de faire pression sur le président, vu que c’est son oncle, mais il n’a pas réussi à le convaincre de nous laisser occuper la même chambre. Il dit qu’il ne peut pas se permettre de créer un précédent, et prendre le risque que d’autres élèves fassent pareil par après, et finissent par causer un scandale ou d’autres problèmes.

— Tu as donc pensé à moi.

— Évidemment. Kira et toi êtes mes meilleures amies !

— Dans ce cas, j’accepte » je murmurai, émue. Elle ne le savait pas, mais m’entendre dire que j’étais sa meilleure amie était le plus cadeau que je puisse recevoir.

Alice hurla de joie et vint me serrer dans ses bras avec force.

Je dus résister pour ne pas m’écarter.

Qu’on me touche m’incommodait toujours, mais je savais qu’Alice m’aimait et m’acceptait comme j’étais.

Kira m’enlaça affectueusement elle aussi.

Je leur rendis leur étreinte, serrant contre moi ces filles petites et minces que je pouvais enfin appeler mes amies.

Lorsque nous reprîmes place autour de la table, le serveur nous apporta le gâteau avec une bougie au milieu.

« Fais un vœu et souffle la bougie » m’invitèrent Kira et Alice.

Je les regardai longuement. Elles étaient toutes deux superbes.

Avec ses cheveux roux et aussi flamboyants que son caractère mais avec un cœur un or, Alice était incroyable.

Kira, avec ses traits orientaux et sa douceur désarmante, était tout bonnement spéciale.

Je voulais être comme elles moi aussi. Magnifique et unique.

Je sentais naître en moi un désir de changement et ce nouveau look en était la preuve.

Avec le temps, j’espérais que cette évolution m’amènerait à m’accepter et peut-être à m’apprécier telle que j’étais.

« Alors, qu’est-ce que tu souhaites ? me pressa Alice, impatiente.

— Je souhaite que notre amitié nous lie à jamais, je déclarai.

—Tu dois désirer quelque chose que tu n’as pas. Pas quelque chose que tu as déjà, andouille, rit Kira.

— Kira a raison. Pense à autre chose. Je ne sais pas… Un copain ? tenta Alice.

— Je ne suis pas assez belle pour attirer l’attention des garçons. Je ne suis pas comme vous.

— Alors, pourquoi les types assis à la table au fond sont en train de te fixer ? se fâcha Alice qui ne supportait pas l’idée que je ne me sente pas aussi belle qu’elle.

— C’est vous qu’ils fixent, pas moi.

— N’importe quoi !

— Felicity, soupira tristement Kira. Elle aussi souffrait de mon manque d’assurance.

—Vous, vous m’aimez, mais soyons sérieuses : je ne suis pas aussi belle que vous ! lâchai-je nerveusement.

— Je n’ai jamais pensé que j’étais belle. Lucas me le dit, mais il m’aime, donc ça ne compte pas.

— Dans ce cas, pourquoi est-il jaloux et devient fou si quelqu’un s’approche de toi ?

— Parce qu’il est stupide, répondit Kira en haussant les épaules. Si j’avais ta poitrine, je comprendrais, mais je suis une planche de surf. Il y a donc très peu de raisons d’être jaloux.

— Tu es mince, je la défendis.

— Je suis plate et sans formes. Parfois je t’envie et je ne sais pas ce que je donnerais pour avoir un peu de tes hanches et tes seins.

—Et moi, je suis petite et j’ai les jambes courtes, ajouta Alice. Je voudrais avoir ta taille et tes jambes.

— J’ai des grosses cuisses et un gros cul.

— Le rêve érotique de beaucoup d’hommes en somme, ricana Alice, me faisant rougir comme une tomate.

— Felicity, comme tu peux le voir, tu n’es pas la seule à ne pas te sentir impeccable ou parfaite. On a nos doutes nous aussi, mais on a décidé de s’accepter comme on est, me murmura Kira en posant une main sur mon bras.

— Je suis sûre qu’Easton et Lucas ne pensent pas comme vous.

— Un jour, toi aussi tu trouveras quelqu’un qui te verra pour ce que tu es et te trouvera splendide.

— D’accord. Je pris mon courage à deux mains et m’approchai de la bougie allumée. Alors, je souhaite un garçon comme Easton et Lucas, un qui m’aime comme je suis. Je souhaite une histoire d’amour avec un grand A. »

Je soufflai la bougie, levai le regard et me retrouvai face à deux paires d’yeux inquiets qui me fixaient.

Je m’alarmai. « Qu’est-ce qui ne va pas ?

— Un garçon comme Easton et Lucas ?! Mais tu es dingue ? explosa Alice.

—Tu voudrais vraiment un gars ombrageux et difficile à gérer comme mon Lucas ? murmura prudemment Kira. Je pensais à une personne plus équilibrée et gentille.

— Le contraire de ce taré d’Easton ! intervint Alice. J’espère que ton vœu ne se réalisera pas ou tu vas avoir de sérieux problèmes.

— Vous me faites peur… Cet anniversaire ressemble au prologue d’un film d’horreur, je m’agitai.

— Non, excuse-nous. C’est juste que tu nous as un peu surprises, parce qu’Alice et moi avons des relations compliquées avec notre petit ami, et aucune de nous n’a jamais pensé que quelqu’un puisse souhaiter un rapport de couple comme le nôtre » m’expliqua doucement Kira tandis qu’Alice opinait avec conviction à chaque mot de notre amie.

Je n’avais jamais imaginé combien il pouvait être difficile d’être avec Lucas ou Easton, mais je préférai ne pas poser de questions et détourner l’attention sur le gâteau.

Je coupai trois parts égales et, ensemble, nous nous sommes abandonnées à ce nirvana pour nos papilles gustatives.

« Ce gâteau est divin, mais je suis sûre que tu peux mieux faire » chuchota Alice en savourant le dessert.

Je souris, embarrassée, car je n’étais pas encore habituée à partager mon amour pour la cuisine avec qui que ce soit. Mais lorsqu’Alice avait découvert que je fréquentais le cours de cuisine à l’université, j’avais commencé à utiliser mes amies comme cobayes pour mes expériences culinaires, que les deux filles définissaient toujours comme une drogue. C’était un honneur pour moi d’avoir quelqu’un qui mangeait ce que je cuisinais et, ces derniers temps, cela m’avait poussée à m’améliorer davantage et à tester de nouvelles saveurs.

« Felicity ! » Cette voix inattendue et ce ton sévère eurent le don de me paralyser et de me faire passer l’envie de manger. Je me retournai avec le sentiment d’être au bord d’un gouffre.

Lorsque mon regard tomba sur la silhouette mince et parfaite de ma sœur Ava, je me sentis mourir.

J’aurais voulu me lever et la pousser hors de l’établissement avant qu’elle ne puisse ouvrir la bouche, mais j’étais collée à la chaise et je sentais ma gorge s’enflammer sous la colère déclenchée par ce qui arriverait certainement sous peu.

« Tu ne me présentes pas tes amies ? s’impatienta-t-elle devant mon silence.

— Ava, ma sœur. Voici Kira et Alice. Elles vont à l’université avec moi et…

— Vous êtes amies ? » s’étonna Ava, m’assénant le premier coup. Pour elle, il était inconcevable qu’une jolie fille en fréquente une laide. Et si elle le faisait, ce n’était que pour se montrer, être mise en valeur par une amie moins attirante. Je remarquai son regard et y lus son accusation : “Elles ne font que t’utiliser”.

Ava n’était pas méchante, mais elle avait sa mentalité bien à elle et croyait fermement que le monde était divisé en beaux et laids. Deux catégories absolument distinctes.

« Oui » Je tentai de répondre, mais les mots sortirent difficilement et mes joues devinrent brûlantes d’embarras.

« Alors, pourquoi tu ne les as pas invitées à la fête d’anniversaire de ce soir ? Maman et papa n’auraient rien à redire, tu sais ? Ils seraient contents d’avoir quelques invités en plus. »

Je me tournai rapidement vers Kira et Alice. La déception que je lus dans leurs yeux me fit rougir de honte, parce que je leur avais dit qu’il n’y aurait pas de fête avec ma famille.

La vérité était que ces deux filles étaient mes amies. Et elles devaient le rester, au lieu de finir piégées par le charme de ma mère, Ava et Bethany.

Je ne voulais les partager avec personne et surtout, je ne voulais pas qu’elles puissent voir cet aspect de moi qui n’était qu’un grand trou noir, une nullité qui ne méritait même pas les attentions de ses propres parents.

« Je pensais que maman ne voulait inviter que les amies de Sandy. Je tentai de me sortir de ce mauvais pas.

— La fête pour Sandy est finie depuis deux heures. C’est toi qui as préparé le gâteau. Tu ne t’en souviens pas ?

— J’ai oublié, mentis-je.

— Peut-être que si tu mangeais moins de cochonneries, tu n’aurais pas ces trous de mémoires ! Pose cette fourchette ou tu vas encore prendre du poids. Et tu n’en as vraiment pas besoin » me reprocha-t-elle avec le même ton sévère que ma mère. Par le passé, j’avais tenté de les empêcher de me faire de telles remarques, surtout devant d’autres personnes, mais j’avais compris avec le temps que je n’y arriverais pas parce que m’éviter de grossir davantage était une source d’orgueil pour elles. Mieux valait une humiliation supplémentaire que de souffrir d’un sentiment de culpabilité en me voyant me gaver sans dire un mot.

Je pensais différemment, mais c’était mon problème.

« Ce n’est qu’un morceau de gâteau, pas une motte de beurre ! intervint Alice, me laissant bouche bée. Personne n’osait jamais contredire ma sœur ou ma mère quand il s’agissait de calories ou d’indice de masse corporelle.

— Il y aura encore le gâteau ce soir… C’est pour ça que je le disais » bredouilla Ava en difficulté face au regard meurtrier d’Alice, avant de prendre congé et de filer.

« Pourquoi tu ne nous as pas dit que c’est ta fête d’anniversaire ce soir ? me demanda prudemment Kira, même si je savais qu’elle était blessée.

— Ce n’est qu’une bêtise avec ma famille. On fête aussi bien mon anniversaire que celui de Sandy, qui aura cinq ans demain. Aujourd’hui après-midi, ma mère a organisé une méga fête pour elle, avec tous ses copains de la maternelle et ses petites amies. Mais ce soir, il y aura un cocktail juste pour les amis proches.

— Tu as d’autres amis ?

— Pas les miens. Ceux de ma famille.

— Et ta fête d’anniversaire ?

— En théorie, c’est ce soir, mais je sais déjà que la star reste Sandy. La vraie fête, c’est celle-ci. Avec vous.

— On aurait organisé quelque chose d’encore plus grandiose, si seulement tu nous l’avais permis.

— Non, s’il vous plaît. Je déteste les fêtes et je déteste être au centre de l’attention ! Je pris immédiatement peur.

— Pourquoi tu ne nous as pas invitées ce soir ? demanda soudainement Alice qui avait gardé le silence.

— Je… Je… » Je ne veux pas vous perdre.

Je ne pus finir ma phrase et avant même de pouvoir m’arrêter, je me retrouvai à me cacher le visage dans les mains.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? me demanda Kira inquiète, accourant pour me prendre dans ses bras fins, qui rendraient mes parents fous.

— Je ne veux pas perdre votre amitié, réussis-je à dire entre deux sanglots.

— Pourquoi as-tu peur que ça arrive ?

— Parce que je connais ma famille et je sais combien elle est douée pour émerveiller les gens, les entraîner dans leur monde scintillant, auquel je n’ai pas accès.

— Mais de quoi tu parles ?

—Venez chez mes parents ce soir et vous comprendrez. » Je capitulai, me demandant s’il ne valait pas mieux découvrir tout de suite à quel point notre amitié était solide.



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