lunedì 26 agosto 2024

Coincidence 1 - Premier chapitre


 J'ai échappé à mon tortionnaire pour me retrouver dans les bras d'un homme pire encore. Lukyan Vasilyev va me détruire et je ne sais pas comment l'en empêcher.

TESSA. Après l’assassinat de celui qui était mon petit ami par mon père, j'ai compris que la fuite était l’unique issue pour être libre. Je ne voulais plus être Tessa Rivera, la fille du puissant chef mafieux Giorgio Rivera.
J'ai secrètement organisé ma fuite pendant une année ; le moment de partir est enfin arrivé.
Mon plan est simple : assister à un gala de bienfaisance avec ma famille, trouver une excuse pour disparaître de leur champ de vision pendant quelques minutes, ensuite m'éclipser avec le premier taxi venu et me rendre à toute vitesse à l'aéroport.
Vite fait, bien fait.
Tout aurait dû parfaitement marcher. Malheureusement je me retrouvai seule dans la rue, dans le froid, sans l'ombre d'un taxi prêt à me prendre en charge pour m'emporter loin de ma famille avant qu'elle ne s’aperçoive de ma disparition.
Seul le désespoir m'avait poussée à faire quelque chose qui n'était pas prévu : voler une voiture.
Le destin a voulu que cette voiture appartienne à Lukyan Vasilyev, l'un des hommes les plus dangereux du clan mafieux rival de mon père.

LUKYAN. Les coïncidences n'existent pas. Jamais. Surtout quand elles concernent les Rivera et les Vasilyev.
Découvrir qu'une gamine insignifiante était parvenue à me piéger et à dérober ma voiture avait rendu ma soirée plus mouvementée que prévu, rien que je ne sache gérer cependant. Personne ne pouvait faire semblable erreur et espérer s'en tirer facilement.
Il ne serait pas difficile de retrouver l'effrontée. Rien n’échappait à mon contrôle.
Je lui ferai regretter de m'avoir mêlé à ses histoires et je la déchirerai jusqu’à lui faire rendre l’âme.
Lorsque je la rendrai à son père, il ne restera plus rien de la douce et innocente Tessa Rivera.



PROLOGUE: Tessa


“Avec ça nous briserons pour toujours les chaînes qui te lient aux Rivera et justice sera faite, mon amour”, s'exclama Matthew, me prenant des mains la clé USB sur laquelle j'avais copié certains fichiers de l'ordinateur personnel de mon père.

“Est‑ce qu’il finira en prison ?”, demandai‑je avec une pointe d’anxiété. Ma crainte n'était pas que mon père soit arrêté mais, au contraire, qu'il s'en tire, comme toujours.

“Avec ces documents, aucun avocat ne pourra le défendre. Ce sera un rude coup pour la criminalité organisée.”

J'avais envie de lui demander s'il en était vraiment sûr. À Détroit, trois clans mafieux se disputaient le territoire : les Portoricains Rivera, les Chinois Chen et les Russes Vasilyev.

Dans une guerre sans merci qui durait depuis des décennies, les affrontements entre les trois familles étaient à l'ordre du jour.

Une guerre que je souhaitais voir se terminer mais, qu’en principe, je devrais poursuivre en tant qu'unique héritière de Giorgio Rivera, mon père, le chef du clan.

Mon avenir était déjà tout tracé et j'avais beau essayer de raisonner mon père, il n'y avait aucun moyen de changer cette situation.

J'avais failli abandonner, écrasée par la violence que je subissais à chaque fois que je tentais de m’opposer à lui, jusqu'au jour où je rencontrai Matthew.

Une rencontre qui m'avait valu des coups plus violents qu’à l’ordinaire. En ce moment, la marque violette de la ceinture de cuir avec laquelle mon père m'avait frappée se détachait sur mon bras après qu’il eût découvert que j'étais tombée amoureuse de Matthew, un policier de la Drug Enforcement Administration.

“Je veux simplement que tout ça se termine et que nous puissions vivre ensemble pour toujours. Je t'aime, Matthew”, murmurai‑je en me perdant dans son étreinte chaleureuse.

“Je suis sûr que dans quelques mois, tout sera fini.”

“Tu me le promets ?”

“Je ferais n'importe quoi pour toi, Tessa. Je t'aime.”

Nous nous regardâmes. Ses beaux yeux bleus brillaient sous le soleil et mon cœur se mit à battre de bonheur.

Même si nous étions ensemble depuis moins d'un an, je sentais que je l'aimais vraiment.

C'était le seul homme aux côtés duquel je me voyais et avec lequel j’aurais des enfants.

Comme s'il lisait dans mes pensées, il me sourit amoureusement et m'embrassa avec fougue.

Un baiser qui marquerait bientôt la fin de notre histoire d’amour.

  


CHAPITRE PREMIER – TESSA

 

Un an plus tard.

 

“Ce soir, je veux que tu restes collée à Fred Strenghton, me suis‑je bien fait comprendre ?”

“Oui papa”, soupirai‑je avec irritation, ce qui me valut un autre regard meurtrier.

“Je veux que tu l'épouses, compris ?”

“Je veux me marier aussi mais tu as fait descendre l'homme que j'aimais, t’en souviens‑tu ?”, répliquai‑je avec haine.

Pas moyen de s'échapper de la limousine qui nous emmenait au gala de bienfaisance organisé par le nouveau maire de Détroit. Aussitôt, une gifle s'abattit sans pitié sur ma joue gauche.

“Tu devrais me remercier, petite garce. Ce flic voulait juste se servir de toi pour nous mettre dans le pétrin.”

J'aurais voulu réagir et l'insulter mais la douleur fulgurante sur mon visage bloqua toute tentative de rébellion.

Je serrai la pochette de soie bleue assortie à ma robe de soirée. Elle contenait tout ce que j'avais pu rassembler au cours des dix derniers mois, depuis la mort de Matthew.

“Giorgio, s'il te plaît... Pas le visage”, murmura ma mère en remarquant la marque rouge sur ma peau.

Je ne la regardai même pas tant je la méprisais. C'était une femme passive qui se cachait derrière son mari et fermait les yeux sur l'injustice afin de maintenir le train de vie auquel elle s'était vite habituée et qu'elle chérissait plus que tout au monde. Je n'étais que la cause de ce mariage réparateur qui lui avait permis de rejoindre le clan Rivera. Elle ne s'était jamais intéressée à moi en tant que fille et paraissait supporter ma présence à grand‑peine.

Je ne lui parlais pratiquement plus depuis des années car j'avais compris que, si j'avais besoin d'aide, elle était la dernière personne sur qui compter.

J'étais seule, désespérément seule. Et cette nuit, je prendrais la liberté à laquelle j’avais droit, celle que Matthew avait essayé de me donner avant de mourir.

“Wilma, dis‑lui quelque chose !” s'emporta mon père contre sa femme, remarquant mon indifférence à son geste.

“Que veux‑tu que je lui dise ? Je n'ai même pas réussi à la convaincre de s'habiller avec modération. Elle a presque vingt‑cinq ans et ne fait toujours pas la différence entre l'élégance et la ringardise. Tessa, je ne vois vraiment pas pourquoi tu avais besoin de porter tous ces bracelets. Un seul aurait amplement suffi !”

“Maman, ne m'as‑tu pas toujours dit que les diamants étaient les meilleurs amis d’une femme ?”, lui répondis‑je avec un semblant d'adoration, caressant ces bijoux autour de mes bras.

“Bien sûr, ma chérie”, répondit‑elle, mal à l'aise. "Mais voilà, tu n'as jamais montré aucun intérêt pour les bijoux alors que ces derniers temps tu nous as fait dépenser une fortune chez Cartier.”

“Je suis amoureuse de ce magasin. Je n'avais jamais réalisé à quel point leurs bijoux étaient beaux. D'ailleurs, la vendeuse dit qu'ils me mettent en valeur”, soupirai‑je, extatique, caressant les deux colliers d'or et de saphir que je portais autour du cou, assortis aux trois bagues qui se détachaient sur les doigts de ma main droite. Sans parler des cinq autres bagues, encore plus chères, dissimulées dans ma pochette.

“Il n'y a rien de mal à dépenser de l'argent pour des diamants. C'est une femme et je suis convaincu que tu ne déplairas pas à Fred Strenghton”, intervint mon père pour interrompre cette conversation. “Cependant, modère‑toi Tessa ou tu vas me mettre sur la paille.”

“Oui papa”, répondis‑je, feignant le déplaisir, tout en continuant à caresser ces pierres précieuses qui me permettraient bientôt d'obtenir ce que je voulais.

Quelques minutes plus tard, la voiture s'engagea sur le boulevard Washington avant de s'arrêter devant le Windsor’s Hotel où un gala de bienfaisance avait été organisé pour la construction d'un nouvel hôpital à Haïti. En réalité, il s'agissait d'une réunion masquée où les puissants se rencontraient pour décider du sort de la ville.

J'étais écœurée par tous ces faux‑semblants. J'avais l'impression d'être devant un feu de joie d'hypocrisie où tous les mafieux des clans Rivera, Vasilyev et Chen se rencontraient dans le même lieu, faisant semblant de s'entendre devant les caméras des journalistes qui assiégeaient l'entrée de l'hôtel.

Lorsque le chauffeur vint nous ouvrir la porte, je crispai les muscles de mon visage afin d’afficher un sourire à trente‑deux dents, si forcé que deux fossettes se formèrent au niveau de mes joues.

C'était mon sourire de circonstance, aussi faux que ce monde de paillettes derrière lequel se cachaient corruption, meurtres, trafic de drogue à un niveau si élevé qu'il avait touché Matthew : il avait fait confiance à la mauvaise personne dans son service lorsqu'il avait dénoncé mon père et apporté les preuves qui l’accablaient.

En m’efforçant de ne pas trébucher sur ma longue robe, je sortis de la voiture pour me diriger vers l'entrée avec mes parents.

Serrée dans mon manteau doublé de fourrure d'hermine blanche, j’emboîtai le pas à mon père sans prêter attention aux journalistes.

Nous montrâmes nos invitations avant de nous diriger vers le vestiaire où la préposée prit nos manteaux.

Je gardai la pochette avec moi ; je respirai un grand coup en pénétrant dans la salle que j'avais longuement étudiée au cours du mois précédent, depuis que ma famille avait reçu une invitation pour assister à ce gala.

Je savais que ma mère ne me quitterait pas des yeux et que mon père ne me laisserait pas partir seule, mais j'avais tout calculé avec soin.

J'essayai de calmer mon angoisse. Si quelque chose devait mal tourner, je n’en sortirais probablement pas vivante.

Je pris une coupe de champagne avant de suivre fidèlement ma mère qui avait rapidement trouvé quelqu'un avec qui bavarder. Je ne prêtai aucune attention à la conversation mais mon sourire restait figé, apaisant mes parents.

Il avait fallu six mois pour que je puisse à nouveau assister à ces événements mondains après ce qui s'était passé avec Matthew.

La laisse autour de mon cou s’était resserrée, au point de m’empêcher de respirer, mais j'avais survécu et trouvé une nouvelle raison de vivre : être libre. Pour de bon cette fois.

J'avalai une petite gorgée de champagne. Il était impératif que je demeure sobre et lucide. Et puis, je ne pouvais pas risquer de me faire mal à l'estomac puisque je n'avais pas emporté mes médicaments.

“Tessa, quel plaisir de te voir !” La voix de Fred Strenghton me perça les oreilles. Je détestais cet homme et encore plus mon père qui voulait me donner à lui en échange de certaines faveurs.

Je me retournai en faisant semblant d’être ravie de le voir.

Avec quelque difficulté, mon sourire s’élargit à la limite de l’étirement excessif des muscles faciaux.

“Fred !” m’écriai‑je d’une voix enjouée, m’approchant pour lui faire la bise. Il en profita pour me serrer dans ses bras et je le laissai faire. J'avais besoin de cet homme pour m'éloigner de ma mère.

“Tu es ravissante !”

“Tu n'es pas mal non plus avec...”, m’apprêtais‑je à dire, mais je ne pus finir ma phrase. Fred n'était pas un homme désagréable, bien qu’il fût beaucoup plus grand que moi. Il avait près de quarante ans, d'épais cheveux bruns légèrement grisonnants sur les  tempes et des yeux verts qui se détachaient au milieu de son visage barbu, enfin sa carrière politique était en pleine ascension. Même ses manières n'étaient jamais répréhensibles ni agaçantes. Cependant, il était si visqueux et condescendant avec mon père qu’il m’écœurait. “Avec n'importe quoi”, conclus‑je avec un soupir d'amoureuse.

Fred rougit et j'en profitai pour me détacher de ma mère en m'agrippant à son bras.

“Je n'aime pas être ici. Je ne connais personne, sais‑tu ?”, lui murmurai‑je à l’oreille.

“Si tu veux, je vais te présenter du monde.”

“Volontiers.”

“Madame Rivera, puis‑je enlever votre fille pendant quelques minutes ?” demanda Fred à ma mère qui m’observait avec circonspection. Elle ne savait jamais avec moi si elle pouvait me faire confiance mais elle n'avait pas le courage de me refuser à l'homme qui avait le pouvoir de bloquer les nouvelles constructions dans Greektown.

“Bien sûr cher ami.”

Dissimulant un soupir de soulagement, je serrai le bras de mon nouveau cavalier, le laissant me piloter dans l'immense hall où il me présenta à de nombreuses personnes.

Nous passâmes près d'une heure à bavarder avec les invités. On allait bientôt nous faire asseoir pour écouter le discours du nouveau maire ; je devais me hâter.

Lorsque je vis un homme obèse s'approcher pour s’entretenir avec quelqu'un derrière moi, je saisis la balle au bond.

Sans me faire remarquer, je me détachai de Fred et m’approchai nonchalamment de l'homme.

Je serrai ma coupe de champagne, la tenant devant moi, légèrement à gauche.

À quelques centimètres de l’homme, je sursautai, comme si je réalisais que j'allais heurter quelqu'un. Je m’écartai vers la droite, pas suffisamment toutefois et nos bras se heurtèrent. D'un geste fulgurant je glissai la coupe entre nous deux et le champagne se renversa sur mon bras gauche dénudé et sur la manche droite de sa veste élégante. Le reste finit par terre.

Je me confondis en excuses : “Oh mon Dieu ! Je ne sais pas comment m'excuser ! Je suis vraiment navrée...”, tandis que l'homme essayait de comprendre ce qui venait d’arriver.

“Ce n'est rien... rien que le teinturier ne puisse nettoyer.”

“Tessa, tu vas bien ?”, intervint rapidement Fred, passant son bras autour de ma taille.

“Il s’est produit un désastre. Le champagne s'est renversé sur moi”, expliquai‑je désolée, lui montrant mon bras mouillé. “S'il te plaît, accompagne‑moi. J'ai besoin de faire un brin de toilette.”

“Certainement.”

En bon gentleman, il m'accompagna aux toilettes et m'attendit derrière la porte.

Je passai mon bras sous l'eau courante et m’essuyai soigneusement.

Je regardai mon visage dans le miroir. J'étais très tendue.

“Tessa, tu t'en sors bien. Cela fait presque un an que tu prépares ce moment. Tu ne peux pas échouer”, dis‑je, m’adressant à mon reflet.

Je sortis calmement et je vis que Fred m’attendait toujours.

Il fallait absolument que je me débarrasse de lui.

“Fred, s'il te plaît, peux‑tu demander au serveur quelque chose pour faire partir le champagne ? Le vin a taché mon corset. Je ne voudrais pas devoir quitter la fête plus tôt que prévu à cause d'une tache.”

Je savais que lui aussi ne souhaitait pas me voir quitter le gala le jour où je me montrais si complaisante et si disponible à son égard.

Il répondit avec empressement : “Je m’en occupe”, et héla un serveur qui portait un plateau chargé de petits fours au caviar.

Je profitai de cet instant de distraction pour quitter les toilettes et me précipiter en direction des cuisines.

Je parcourus tout le couloir en essayant de marcher sur la pointe des chaussures pour ne pas faire claquer les talons.

Je tournai l’angle. Je regardai derrière moi. Fred était occupé avec un autre invité et n'avait pas remarqué ma disparition.

Je poursuivis ma course. Me remémorant le plan de l'hôtel, je tournai à droite deux fois encore pour aboutir dans les cuisines. Il y avait beaucoup d'animation. Les cuisiniers étaient occupés. On voulut me faire sortir.

“Je dois sortir par l'arrière”, dis‑je d'une voix péremptoire qui n'admettait pas de réplique.

Un serveur m'indiqua une porte au fond des cuisines.

J’allais sortir lorsque je me rappelai du téléphone portable dans ma pochette.

Je le pris et le jetai immédiatement dans la première poubelle venue.

Avec ce geste je venais de dire adieu à toute possibilité de revenir sur mes pas ou solliciter une aide quelconque.

À présent j'étais vraiment seule.

Terriblement seule, mais aussi heureusement introuvable.

Je franchis la porte et l’air frais de l’automne me fit frissonner.

J'aurais aimé avoir mon manteau sur le dos mais retourner au vestiaire aurait été trop risqué.

J’étudiai les environs : je me trouvais dans une allée à l'est du bâtiment.

Je courus jusqu'au boulevard Washington.

Sur ma droite, quelques paparazzis faisaient le pied de grue devant l'entrée de l'hôtel et personne ne fit attention à moi.

Tout en m’efforçant de paraître calme, je ralentis puis me dirigeai vers la gauche.

Je marchais lentement, discrètement, mais suffisamment vite pour m'éloigner de l'hôtel, où Fred se rendrait bientôt compte de ma disparition et préviendrait mon père.

Sans téléphone portable je ne pouvais pas appeler un taxi ou un uber.

J'aurais dû y penser avant de jeter mon téléphone mais j'avais trop peur que mon père ne le récupère et parvienne à suivre mes mouvements.

L'objectif était de ne pas lui permettre de comprendre mes prochains déplacements.

Avec une angoisse croissante je me rendis compte qu'aucune voiture jaune ne croisait dans les parages.

Comment se faisait‑il qu'il n'y eût aucun taxi à proximité ? C'était absurde !

Je marchais à pas rapides sur le trottoir, anxieuse, cherchant désespérément un de ces fichus taxis, quand je vis une Ferrari SF90 Stradale, noir mat, se garer à deux cents mètres de moi.

Je ralentis l’allure tandis que mon esprit courait à cent à l’heure pour trouver une solution.

Lorsque j'aperçus le propriétaire sortir de sa voiture, j'eus un sursaut d’effroi.

C'était Lukyan Vasilyev, du clan Vasilyev !

Bien que je ne l'eusse jamais rencontré personnellement, je savais qui il était.

J'avais souvent entendu mon père en parler et des photos de lui paraissaient parfois sur les magazines à potins ou dans la rubrique des faits divers criminels.

Même si son père était toujours le chef du clan, beaucoup affirmaient que le cerveau des actions les plus réussies était Lukyan, son second fils.

Lukyan Vasilyev, Russe élevé en Amérique, était désormais connu sous le nom de Luke Vasilyev. Son nom, comme son accent russe, avait été remplacé par une version plus américaine, contrairement à son frère jumeau Aleksej, qui était resté attaché à la Sainte Mère Russie et avait quitté le clan de son père pour voler de ses propres ailes.

Trente‑cinq ans, un mètre quatre‑vingt‑dix, un corps d’athlète, des cheveux et des yeux noirs.

Ce qui m'avait toujours surpris était que son nom signifiait lumière alors que son apparence était totalement dépourvue de lumière : il aurait dû s'appeler Ténèbres.

Luke avait beau être l’homme classique de belle apparence, suffisamment riche pour s'offrir une Ferrari et des costumes de haute coupe, presque toujours noirs, qui mettaient en valeur son physique, il suffisait de se perdre dans son regard pour se rendre compte qu'il n'était pas un homme ordinaire. Son attitude contrôlée et précise n'exprimait pas le calme mais la maîtrise absolue de soi.

Le feu noir de ses yeux consumait l'oxygène autour de lui, laissant ses interlocuteurs le souffle court et, surtout, sans aucune chance de sortir indemne de cette rencontre.

Il était un de ces individus dont émane une aura de danger qui vous colle à la peau même après un certain temps. C’était comme si son regard, après s’être posé sur vous, vous marquait au fer rouge pour vous rappeler toujours sa présence ; et de quelle façon il lui était possible d’entrer dans votre vie et la chambouler pour toujours.

Si j'avais été une personne ordinaire, j'aurais tourné les talons et fait demi‑tour ou traversé la rue avant que son regard ne se pose sur moi ; mais des années de coups et de menaces de la part de mon père m'avaient suffisamment endurcie pour que je puisse affronter un tel danger et survivre.

Sans me faire remarquer, je le vis ouvrir la portière du côté passager : le siège était occupé par un beau mannequin que j'avais vu lors d'un défilé de mode à New York deux années auparavant.

Luke lui tendit le bras et tous deux se dirigèrent dans ma direction. Vers l'hôtel situé derrière moi.

Je vis sa main pointer en direction la Ferrari et appuyer sur le bouton de la télécommande pour fermer le véhicule.

Puis il glissa l'objet dans la poche de son manteau, du côté libre.

Ces derniers mois j'avais également étudié et pratiqué le vol à la tire. Sheyla, mon mentor, m'avait appris toutes les ficelles du métier. C'était aussi grâce à elle que j'étais en train de m'échapper ce jour‑là.

La partenaire de Luke se tenait à son bras droit, alors je me déplaçai vers le côté opposé du trottoir.

J'étais tendue et j'avais une peur bleue. Voler les clés de voiture d'un des chefs du clan Vasilyev n'était pas ce que j'avais prévu mais je n'avais pas le choix. L'heure avançait et j'étais toujours à proximité de l'hôtel. Mon père me retrouverait en très peu de temps.

Mon cœur battait si fort que ma cage thoracique me faisait mal.

Je respirai l'air glacé. Il faisait vraiment froid et, pendant un instant, je pensai à l’habitacle chauffé de la Ferrari. Oui, il fallait que j’emprunte cette voiture à tout prix !

J’accélérai le pas.

Alors que je n’étais qu’à un mètre de lui, je retins ma respiration.

J'ouvris ma pochette en faisant semblant de chercher quelque chose.

Au dernier moment, je me dirigeai vers la gauche, entrant en collision avec Luke.

Je glissai rapidement ma main dans sa poche et m’emparai de la télécommande, tandis que mon corps s'affaissait un instant contre l'homme qui s'empressa de me soutenir en m'entourant la taille.

Ce contact me fit tourner la tête. J'avais l'impression de me retrouver au centre d'un tourbillon.

Je glissai la clé dans ma pochette que je refermai d'un coup sec. Puis, aussi rapidement, je tressaillis.

“Excusez-moi, j'ai dû trébucher... Je suis désolée”, mentis‑je effrontément tout en feignant d'être inquiète et confuse pour ce qui venait de se passer.

“Vraiment ?” Son ton moqueur me réveilla. De toute évidence il ne me croyait pas.

Je le regardai et je compris que j’avais commis une grave erreur.

Ses yeux noirs étaient capables de vous aspirer l'âme.

Je reculai d’un pas, décidée à m'éloigner de lui au plus vite, quand je réalisai qu’il avait toujours sa main sur moi.

Je la repoussai avec irritation.

“Je me suis excusée, je n'ai pas à me justifier.”

“Non, mais faire semblant de me tomber dessus, si.”

“Faire semblant ?!”, répétai‑je, partant d’un éclat de rire tonitruant et bien construit. “Monsieur Vasilyev, je n'ai pas de temps à perdre. Passez une bonne soirée.”

“Une bonne soirée à vous aussi Mademoiselle Rivera.”

Je n'aurais pas dû être surprise qu'il me connaisse mais je ne pus dissimuler la terreur que je ressentis. L'idée qu'il entre dans l'hôtel et aille voir mon père pour lui conter l’incident me refroidit.

Ma peur devait être évidente car l'attitude de Luke changea du tout au tout et se fit soudain sérieuse.

J'étais sur le point de le supplier de ne rien dire à mon père quand sa compagne intervint.

“Luke, il est tard. On y va ?”

Il était tard. Oui, trop tard et je ne pouvais plus perdre de temps.

Je fis un bref signe de tête et partis, m’éloignant de ce regard qui me transperçait le dos. Je dépassai la Ferrari.

Après quelques minutes je ralentis et me retournai. Luke et le mannequin entraient dans le bâtiment et les journalistes les photographiaient.

Je profitai de cette animation pour faire demi‑tour.

À la hauteur de la voiture, je l’ouvris avec la télécommande.

Au bruit qu'elle émit, les cheveux se dressèrent sur ma tête.

Je regardai autour de moi.

Personne ne regardait dans ma direction.

J'ouvris la portière et montai à bord.

Avec angoisse j'appuyai sur le démarreur.

Je manquai de m’évanouir au rugissement du moteur qui s’ensuivit.

J’aurais mieux fait d’emprunter une voiture électrique : j'aurais ainsi pu fuir bien plus silencieusement.

Je regardai en direction de l'hôtel. Luke était déjà à l'intérieur.

Je comptai jusqu'à cinq, puis je partis.

Les mains tremblantes, je me faufilai jusqu’à la sortie du parking.

Il était évident que si j'abîmais cette voiture, la colère de Luke serait décuplée, alors je conduisis prudemment.

Ce n'est qu’en quittant le boulevard Washington que je me détendis.

Cette Ferrari était prodigieusement rapide. Personne ne pourrait plus m'arrêter.

Je saisis la destination de l'aéroport de Detroit‑Metropolitan Wayne County sur le navigateur.

Une demi‑heure après mon départ je réalisai que ma disparition avait déjà été rendue publique.

Les recherches allaient bientôt commencer.

Heureusement que je n'avais plus de téléphone portable sur moi : je ne serai pas facile à géolocaliser.

De plus j'étais dans une voiture volée et mon père savait que je ne pourrais pas m'enfuir bien loin sans argent. Il suffisait d'attendre que j'utilise ma carte de crédit pour savoir où je me trouvais.

Bien sûr, il y avait aussi une inconnue à propos de Luke Vasilyev, bien que mon intention ne fût pas de lui dérober sa voiture. Je l’avais seulement empruntée et je m'assurerais qu'il la récupère au plus vite.

J'appuyai davantage sur l'accélérateur.

Mon cœur battait à tout rompre. Je dépassai camions, voitures et autres véhicules, espérant arriver aussi rapidement possible à l'aéroport.

Je priai l’amour de ma vie : “Je t'en supplie, Matthew, aide‑moi.” Cela faisait près d’un an qu'il était mort et je sentais que son souvenir s'estompait ; mais j'avais commencé à m’adresser mentalement à lui à chaque fois que je ressentais de la peur ou que l'idée d’abandonner m'envahissait.


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