Une saison seulement peut parfois changer ta vie.
Une saison étincelante née d’une amitié qui changera ton destin pour toujours.
Entre la trahison de son fiancé et son licenciement imminent du poste de ses rêves, la vie de Rachel n’allait pas dans la bonne direction.
Emma vivait dans une cage dorée, entourée de l’affection de sa famille, mais elle rêvait de liberté et d’amour, avec un A majuscule.
Abigail cherchait sa place dans le monde mais son manque d’assurance l’empêchait de s’exprimer pleinement.
Un jour, Rachel, Emma et Abigail se rencontrent et deviennent amies.
Une amitié qui rend leur vie pétillante, poussant Rachel à gravir les échelons du succès, Emma à trouver l’amour de sa vie et Abigail à devenir indépendante. Mais comme dans tout changement, il y aussi de la pagaille et tout ne va pas toujours comme elles veulent.
Entre intrigues, aventures amusantes, soirées glamour et rencontres savoureuses, Rachel, Emma et Abigail réussiront-elles à conquérir le monde et à vivre leur Glitter Season ?
Premier chapitre
« Respire et reprends le contrôle ! » ordonna Rachel à son reflet dans le miroir, cherchant à réfréner les larmes qui montaient sans relâche.
« Je ne peux pas pleurer ! Pas pour un connard comme Matt ! Et pas dans les toilettes du bureau ! » pensa-t-elle furieuse, rattrapant la première larme qui risquait de ravager son maquillage.
Elle respira à fond et tenta de penser à autre chose, mais ce jour-là, rien ne semblait vouloir fonctionner comme il fallait.
C’était son dernier jour de travail et personne aux Ressources Humaines ne l’avait contactée pour discuter d’un renouvellement de contrat ou autre. Elle en était bouleversée, ayant travaillé d’arrache-pied pendant des mois, se partageant entre une fonction d’éditrice et une de secrétaire à temps partiel pour Norman Carter, le fondateur de Carter House, la plus grande maison d’édition de non-fiction de Portland.
Elle était convaincue d’avoir créé un lien solide avec son patron. Ils avaient beaucoup discuté de l’avenir et du monde éditorial. Norman lui avait confié que les derniers trimestres avaient été désastreux comparés à sept ans auparavant.
Elle lui avait proposé d’élargir son lectorat en introduisant une collection de romans, mais Norman s’y était immédiatement opposé, les romanciers n’étant pas de vrais écrivains selon lui.
Il était d’avis que l’écriture était un talent que peu possédaient, et dont le but était éducatif ou informatif. Les romans, surtout commerciaux, étaient de catégorie C, même s’il n’avait rien à dire sur le chiffre d’affaires généré par les œuvres de ces “pseudo-écrivains”, comme il les appelait.
Ces derniers mois, Rachel avait toutefois ressenti une certaine affinité avec son patron, surtout depuis qu’il lui avait demandé si elle pouvait remplacer sa secrétaire malade, qui ne pouvait par conséquent travailler que quelques heures. Jusqu’à la fin de son cycle de chimiothérapie du moins.
Travailler auprès d’un personnage si important du monde de l’édition avait été un honneur, même si elle n’avait jamais été attirée par la fonction de secrétaire. Elle s’était donnée du mal pour être toujours irréprochable et Norman avait souvent manifesté son approbation par des sourires merveilleux et séduisants qui faisaient battre le cœur de toutes les employées.
“Il pourrait être ton père” se répéta Rachel en songeant à quel point elle restait toujours bouche bée devant le charisme et le charme de cet homme.
Était-il possible qu’une personne toujours gentille et charmante comme Norman Carter se soit juste moquée d’elle ?
Était-il possible qu’en un mois, elle se soit fait rouler par deux hommes et leurs fausses promesses ?
Matt aussi lui avait toujours donné le sentiment d’être spéciale durant leurs trois ans de relation.
Lui non plus n’avait jamais exprimé un seul reproche ou manifesté de mécontentement envers ses horaires de travail éreintants. Et pourtant, trois semaines auparavant, elle l’avait trouvé au lit – leur lit – avec une de ses clientes.
Il n’avait même pas essayé de s’excuser ou d’inventer une justification. Rien.
Il s’était borné à lui dire qu’il déménagerait rapidement.
Quand elle rentra du travail le jour suivant, ses affaires avaient disparu.
Pas un petit mot, pas un message.
Il ne lui avait laissé que le loyer à payer.
Et maintenant, elle n’avait même plus d’emploi pour subvenir à ses besoins.
“Qu’est-ce que je vais faire ?” pensa-t-elle en éclatant en sanglots, les mains sur les yeux pour ne pas se voir dans le miroir.
Ces dernières semaines, elle avait noyé ses malheurs dans la nourriture et pris quatre kilos.
Le matin-même, elle avait eu du mal à entrer dans sa jupe crayon noire Dior à la coupe asymétrique, qu’elle adorait, et avait à grand-peine réussi à fermer les boutons de son chemisier de soie blanche de chez Caractère aux poignets évasés.
« Tout va bien ? » demanda une voix féminine derrière elle, la faisant sursauter.
Elle essuya rapidement ses larmes et se retourna.
Abigail lui faisait face, la stagiaire que tous appelaient “la fille de la photocopieuse”.
Elle était là depuis deux mois mais elles ne s’étaient jamais adressé la parole, à part pour un bref salut.
Elle avait souvent eu l’impression qu’Abigail l’évitait ou la craignait.
Elle avait aussi la sensation de l’avoir déjà vue : blonde, aux immenses yeux bleus, haute d’à peine un mètre et demi, toujours vêtue dans un style décalé, avec des coupes françaises vintage.
Certains affirmaient qu’elle était mineure mais elle avait vingt-et-un ans, bien que l’usage immodéré de ballerines plates, de pantalons trois-quarts et de pulls col bateau lui donnent l’air d’une gamine. Surtout quand elle tressait ses cheveux ou portait un serre-tête rouge comme celui de Blanche-Neige.
« Tout va bien. Juste un moment d’abattement, mais c’est déjà fini, s’empressa de minimiser Rachel, extrêmement gênée d’avoir été surprise en larmes par une inconnue.
— Ça m’arrive à moi aussi, tu sais ? essaya de la consoler Abigail de sa voix fluette d’oiseau. Sans compter que c’est la Saint-Valentin aujourd’hui… Mon copain m’a quittée hier. Toi aussi tu passes la Saint-Valentin seule ?
— Oui. Mon ex et moi nous sommes quittés il y a des semaines. Il m’a trompée et est parti. Et maintenant, après trois semaines de silence, il réapparaît pour me faire ses vœux de Saint-Valentin.
— Comment retourner le couteau dans la plaie, hein ? s’indigna Abigail fâchée.
— Il l’a fait exprès juste pour me blesser. Je ne vois pas pourquoi il m’enverrait un tel message si ce n’est pas pour cette raison, hasarda Rachel. Elle se souvint que lire ce message l’avait déstabilisée au point d’aller se cacher dans les toilettes pour tenter de retenir ses larmes. Se laisser aller à montrer ses émotions n’était pas son genre, mais il y avait beaucoup de changements en cours en cette période, et elle craignait de ne pas pouvoir tout affronter seule.
— Il espérait peut-être que tu lui coures derrière et que tu lui pardonnes.
— Je n’y pense même pas !
— Les hommes sont parfois égoïstes.
— Je sais, mais je peux te jurer que c’est la dernière fois que je verse une larme pour un homme. Je n’ai plus envie qu’on se moque de moi et de souffrir. Je suis mieux seule, se promit Rachel. Je dois juste me trouver un appartement moins cher, parce que je ne peux pas payer toutes les charges seules, et Carter House n’a pas renouvelé mon contrat.
— Bizarre. Tout le monde dit que Norman Carter t’adore.
— Oui, mais je voudrais devenir éditrice senior, pouvoir faire carrière, et convaincre Norman de créer une collection de romans… Malheureusement, le poste vacant d’éditeur sera sans doute donné à Mara Herdex et jusqu’à présent, il n’y a aucune perspective d’ouverture vers les romans.
— Petit un : Mara ne vaut pas la moitié de toi. Je parle sérieusement.
— Merci.
— Petit deux : qui mieux que toi pourrait faire venir de nouveaux auteurs dans cette maison d’édition ?
— En réalité, je ne suis personne. Et je n’ai jamais travaillé comme directrice de collection de toute ma vie. Je n’ai pas l’expérience nécessaire, la freina Rachel, rougissant sous ces compliments inattendus mais sincères.
— Tu es la fondatrice du blog Rêves de Papier ! Il n’y a pas un aspirant écrivain qui n’y est pas allé pour te demander des conseils ou chercher des informations pour devenir un écrivain aguerri. Sans compter tes recommandations !
— Tu connais mon blog ? lui demanda Rachel surprise.
Abigail hésita un instant, comme si elle craignait de trop se dévoiler, puis décida de lâcher prise et de dire la vérité. Elle n’avait du reste jamais été capable de mentir, et ne voulait pas commencer avec Rachel Moses, le gourou des débutants.
— Tu ne te souviens pas de moi, pas vrai ? demanda-t-elle timidement.
— Ton visage m’est familier mais je ne sais plus où je t’ai déjà vue, admit Rachel.
— On s’est rencontrées il y a trois mois à la librairie de Liza Bennett, au Club du Livre qu’elle organise chaque mercredi soir.
Rachel se souvint enfin d’elle. Elle n’était allée que quelques fois au Club du Livre de la librairie Liza’s Books, mais l’expérience avait toujours été agréable.
— Si mes souvenirs sont justes, tu m’avais demandé si je pouvais lire un de tes récits, se rappela Rachel.
— Oui.
— Il m’avait plu ? Rachel avait complètement oublié.
— Je dirais que non. Tu m’as envoyé un email dans lequel tu as détricoté toute mon histoire, critiqué les personnalités superficielles des personnages, le rythme trop décousu et la fin prévisible… J’ai pleuré de déception pendant trois jours.
— Oh. Je suis désolée, tenta de s’excuser Rachel. À la vérité, quand il s’agissait de juger un manuscrit, elle n’y allait jamais à la légère et ne se laissait pas influencer par les rapports d’amitié ou autres. Cette attitude froide et professionnelle lui avait fait perdre beaucoup d’amis mais lui avait apporté en échange l’admiration des écrivains qui voulaient s’améliorer ou comprendre pourquoi les maisons d’édition refusaient leurs écrits.
— Je n’ai rien écrit pendant deux mois. Puis, j’ai repensé à tes paroles et j’ai commencé à suivre tes conseils. Je me suis appliquée et l’an dernier, je t’ai demandé de lire un autre de mes récits. Tu as accepté et tu m’as complimentée pour l’absence d’erreurs et la fluidité du texte. Mais il n’était pas encore prêt à être publié selon toi.
— Je suis désolée… Je reçois beaucoup de textes à lire et parfois, je ne me rends pas compte que…
— Ne t’inquiète pas. Je ne suis pas en colère. Au contraire ! Je suis contente parce que tu m’as énormément aidée, mais je sais que la route est encore longue. Si j’écris un jour un roman digne de ce nom, je voudrais que ce soit toi qui le publies, la rassura Abigail avec un grand sourire de gratitude.
— J’en serais honorée, lui sourit Rachel. Elle comprenait enfin la réticence d’Abigail ces derniers mois, et elle était soulagée qu’elle ne la déteste pas. En général, beaucoup d’écrivains la couvraient d’insultes quand elle n’était pas convaincue de la qualité de leur manuscrit.
— C’est pour ça que j’espère de tout cœur que tu vas continuer à travailler ici. Moi aussi je rêve d’être éditrice, ou une auteure à succès, au lieu de la “fille de la photocopieuse”, comme ils m’appellent ici. Mais je me rends compte que tu es bien plus douée que moi et tu mérites cette promotion que Norman te donnera bientôt.
— Oui, mais Mara…
— Mara est une vipère qui essaiera de t’évincer de toutes les façons parce qu’elle a compris que Norman a un faible pour toi. À ce propos, prends cette clé USB. Tu y trouveras une copie de tout le travail que tu as fait ces derniers mois, et le rapport que tu as photocopié ce matin, lui dit Abigail en lui donnant une clé Kingston.
— Merci. Ce n’était pas nécessaire.
— Peut-être mais quelque chose me dit que ton avenir ici va en dépendre, murmura la jeune femme d’un ton sibyllin avant de quitter les toilettes. Et pour ce qui est de l’amour, c’est la Saint-Valentin aujourd’hui.
— C’est un jour comme un autre, minimisa Rachel qui détestait le romantisme de cette fête.
— Oui, mais pas ici. Sache que j’ai fait un stage ici l’an dernier et je me rappelle très bien ce qu’il se passe.
— Qu’est-ce que tu veux dire ? demanda Rachel curieuse.
— C’est l’anniversaire du patron et, comme chaque année, ses fils vont venir le lui souhaiter.
— Et alors ?
— Tu vois les yeux de Norman Carter ?
— Oui, soupira Rachel, éprise. Son patron avait des yeux magnifiques, des aimants à femmes. Il était impossible de rester indifférente à ce regard magnétique vert mousse, d’une teinte claire, qui tirait vers le gris.
— Bien… Ses cinq fils ont tous les mêmes. Même couleur et attraction. Tu verras, tu vas perdre la tête !
— Non, pas moi, assura-t-elle. Elle venait à peine de se promettre de fermer son cœur à tous les hommes, et elle n’avait pas l’intention de faire marche arrière.
La seule chose à laquelle elle était disposée était de rencontrer Richard Wayne, un écrivain en herbe avec lequel elle entretenait une relation amicale depuis presque un an.
Ils avaient enfin décidé de se voir et, étant tous deux seuls ce soir-là, avaient pensé fêter la Saint-Valentin ensemble. Rien de plus.
— On parie ? Celle qui perd offre un repas chez Powell’s et autant en bons d’achat pour des livres dans la librairie.
— Je suis ! »
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