lunedì 26 agosto 2024

Liaisons interdites - Premier chapitre


 Est-ce qu`un amour qui défie la loi de deux familles séparées par une haine ancestrale pourra survivre ? ”Liaisons interdites” est la réinterprétation de l`œuvre de Shakespeare ”Roméo et Juliette”, dans une version au goût du jour et une touche de suspense supplémentaire.


Ginevra Rinaldi n`a jamais su ce qu`était la liberté. Ayant vécu dans une prison dorée, étouffante et surchargée de règles édictées par son père, elle est habituée à obéir et à subir la sanction de sa famille pour tout manquement.
Lorenzo Orlando a renoncé à la succession de sa famille afin d`avoir la liberté de faire ce qui lui plaisait, même au risque de sa propre vie. Aujourd`hui, toutefois, c`est un homme respecté et il est propriétaire de l`établissement le plus prestigieux de Rockart City, le Bridge.
Décidée à rompre le carcan préétabli, Ginevra pénètrera dans l`antre du loup. Que lui arrivera-t-il lorsqu`elle sera envoûtée par le regard pénétrant de Lorenzo et découvrira qu`elle ne peut plus le fuir ? De combien de temps disposera Ginevra avant de finir dans les filets de Lorenzo ?


Premier Chapitre: Ginevra


"Je ne sais pas, Maya. Il vaudrait peut-être mieux lais-ser tomber", murmurai-je en m’efforçant de maîtriser l'angoisse qui m'envahissait.
"Allez, Ginevra, laisse-toi aller pour une fois ! N'en as tu pas assez de toujours devoir te soumettre aux règles de ta famille ? Tu ne me feras pas croire qu'une partie de toi même ne désire pas sortir des sentiers battus pour s'amuser comme n’importe quelle fille de ton âge !", laissa échapper mon amie en râlant.
Bien sûr que je le voulais ! Mais ce n'était pas évident pour quelqu'un qui, comme moi, avait le sang italien des Rinaldi dans les veines.
Être la fille d'un boss de la mafia signifiait mener une vie prédéterminée, encadrée par des règles et des limi-tations édictées par un padre-padrone.
Le fait d'être la plus jeune ne me donnait pas plus de liberté et toute erreur ou transgression était sévère-ment sanctionnée. C'était la raison pour laquelle j'avais appris assez tôt à respecter les volontés familiales.
Je m'étais toujours parfaitement comportée mais, au cours des dernières années, depuis que je fréquentais l'université, j'avais commencé à souffrir de cette rigidi-té typique de mon père et de ce perfectionnisme ma-niacal de ma mère.
J'avais changé depuis que j'avais été confrontée avec une réalité aussi ample que celle de l'université, dont les étudiants n'étaient pas sélectionnés ni évalués selon les mêmes critères que l'école catholique féminine où j'avais étudié jusqu'alors.
J'avais appris qu'il existait d'autres styles de vie et que, en l'absence de mon père du conseil de faculté, le fait que je fûsse une Rinaldi n'intéressait absolument personne.
Pour la première fois de ma vie je m’étais permise d'être moi même et d'embrasser des idéaux que mon père abhorrait.
Ces deux dernières années j'étais devenue la brebis galeuse de la famille, celle qu'il fallait éviter ou traiter comme une pauvre dégénérée ; la vérité était que je ne m'étais jamais sentie vivre pleinement jusqu'alors.
Petit à petit j'avais coupé tous ces liens qui m'an-craient dans la famille ; mais j'étais encore loin de jouir pleinement de la liberté et de la faculté de faire ce qui me plaisait, comme prendre des décisions relatives à mon avenir sentimental ou professionnel.
Jusque là je m'étais contentée d'observer Maya, la fille du comptable du patrimoine des Rinaldi et ma seule amie tandis qu'elle transgressait allègrement les règles de sa famille, laquelle respectait à la lettre les lois de mon père.
J'enviais Maya à chaque fois qu'elle m'appelait pour me demander de la couvrir pendant qu'elle fréquentait des amis à elle, non appréciés par ses parents, ou qu’elle sortait avec un garçon.
J'avais toujours admiré sa crânerie vis à vis de sa fa-mille dont elle défiait la volonté.
Combien de fois aurais je voulu l'accompagner, mais le poids de mon nom m'en avait toujours empêchée.
Cependant Maya avait raison : il ne m'était plus pos-sible de continuer ainsi. Je venais de terminer ma pre-mière année à l'université sans avoir éprouvé l'ivresse d'une liaison, de la rencontre secrète d'un garçon ou d'une folle soirée en vadrouille en compagnie de par-faits inconnus.
"Ok, allons-y !" m'exclamai je enthousiaste, la voix en-core nimbée d'appréhension.
"Tout ira bien, tu verras. Je l'ai fait plus d'une centaine de fois et je te garantis que je n'ai jamais eu de pro-blème", me rassura Maya.
"J'ai tout simplement peur que quelqu'un me recon-naisse et que mon père l'apprenne."
"J'ai pris toutes les précautions utiles. Regarde un peu", dit elle en me tendant une perruque aux longs cheveux blonds ondulés.
Comprenant, je blêmis :"Ce n'est pas vrai ! Tu plai-santes ?"
"Ma chérie, tu es la fille du propriétaire de la moitié de Rockart City. Tu ne peux pas sortir sans attirer l'at-tention."
"Personne ne sait plus qui je suis. Cela fait deux ans que mon père ne m'inclut plus dans ses interviews et il ne m'invite même pas aux cérémonies d’inauguration. Tout le monde pense qu’il n’a que deux enfants et pas trois. Mes apparitions à ses côtés sont plus qu’épisodiques depuis que je suis devenue végéta-rienne et que j’ai commencé à parler des droits ci-viques."
Maya gloussa :“Il ne t’a pas encore pardonnée d’être devenue végétarienne ?”
“Non. Quand nous mangeons ensemble il fait dépo-ser un bifteck dans mon assiette que j’éloigne de moi à chaque fois, ce qui l’énerve au plus haut point. Main-tenant je mange toujours en solitaire dans l’annexe où j’ai été reléguée”, lui expliquai je tristement. Il était as-sez douloureux de se sentir rejetée en permanence par sa famille.
“Trop cool ! Là tu es toute seule et tu peux faire tout ce que tu veux !”
“Si seulement c’était vrai ! Rappelle toi qu’il y a des caméras de vidéo-surveillance disséminées un peu par-tout dans la maison. Je n’ai pas de vie privée et, sou-vent, je me demande si je réussirai jamais à me déta-cher de la famille et à vivre pleinement ma vie, trouver un travail et épouser l’homme que j’aime...”
“C’est impossible tant que tu demeureras à Rockart City. Une feuille ne peut pas bouger à l’est de la Safe River sans que ton père en soit tenu au courant... Ton unique espoir est de partir loin, très loin d’ici, là où ton père ne pourra pas parvenir car tu sais parfaitement qu’il ne te laissera jamais agir de ton propre chef. Il mettra tout en œuvre pour t’empêcher de travailler pour subvenir à tes propres besoins, t’empêchant de couper ce cordon ombilical qui t’enchaîne encore à lui malgré tes vingt-trois ans !”
“Et à coup sûr, il ne me laisserait jamais épouser qui je veux.”
“Oublie tout cela, Ginevra ! Pense simplement à toutes les relations amoureuses que tu as eues jusqu’à présent.”
“Je n’en ai eu qu’une seule, trois jours durant, pen-dant ma dernière année de high school.”
“Daniel Spencer, n’est-ce pas ?”
“Oui. À peine ai je pu échanger un premier baiser avec lui avant d’apprendre que lui et toute sa famille avaient été exilés de Rockart City pour toujours.”
“Tout ça pour un baiser... Je n’ose même pas imaginer ce qui se serait passé si tu avais couché avec lui.”
Je ris faiblement : “J’aurais atterri dans les oubliettes du château, comme un prisonnier de guerre”, même si j’étais convaincue que je subirais le même sort. Je n’avais pas oublié le coup de sang de mon père ni la gifle dont il m’avait gratifiée lorsqu’il avait découvert le béguin que j’éprouvais pour le fils de David Spencer, l’individu qui lui avait fait louper une affaire deux ans auparavant.
Edoardo Rinaldi avait la rancune tenace.
“Bah, cette fois je te promets qu’il n’arrivera rien et ton père n’en sera jamais informé”, me rassura Maya, passant la perruque blonde sur mes cheveux châtains qui me descendaient sur les épaules.
Je me regardai dans le miroir.
J’eus envie de rire parce que j’étais méconnaissable avec cet eye-liner noir et ces cheveux qui m’arrivaient à la taille. De plus, la robe que m’avait faite endosser Maya était à l’opposé de mon style bon chic-bon genre habituel.
Cette robe rouge sans épaulettes et cette veste noire aux manches courtes me donnaient une aura de femme cosmopolite, entreprenante et transgressive, tout le contraire de ma personnalité.
Surprise, je m’exclamai : “Est-il possible que ton père ne remarque rien de tout ces achats ?”
“Mon père n’est pas aussi circonspect que le tien mais il pointe toutes les dépenses effectuées par carte de crédit. Quant à ma mère, elle passe ma garde-robe en revue une fois par mois si mon père se plaint du rele-vé.”
“Ta mère est comme la mienne. Comment se fait-il qu’on ne te reproche pas tous ces achats ?”
“Ma mère n’est pas au courant de ma double vie. J’ai un accord avec la vendeuse du magasin de fringues : elle me laisse emporter ces vêtements à la maison pour les essayer pendant vingt quatre heures ; je les lui ra-mène le lendemain, intacts, lorsque je vais acheter des habits plus conformes aux goûts de ma mère”, dit-elle, me dévoilant son stratagème. Ce faisant elle me mon-tra l’étiquette encore attachée à la robe avant de la ca-cher dans le décolleté, sous l’aisselle droite.
“Tu es géniale !”
“Je sais mais souviens toi de prendre bien soin de cette robe car demain je dois la rapporter en parfait état au magasin.”
“Promis, juré !”
“Bon, alors allons-y. L’employée de maison m’a laissé les clés de la voiture qui sert à faire les courses et, ainsi accoutrées, nul ne nous reconnaîtra lorsque nous nous dirigerons vers la sortie. Pas même le garde du corps qui t’a conduite ici et qui t’attend, garé à l’extérieur de la grille.
“Je l’espère, autrement je suis morte.”
“Par précaution laissons les téléphones portables ici pour éviter que le signal GPS nous fasse pincer ; enfin nous n’emporterons dans nos sacs à main que de l’argent liquide et le faux document d’identité que je t’ai procuré. Ce soir, rappelle toi que je ne m’appelle plus Maya Gerber mais Chelsea Faye ; quant à toi tu n’es plus Ginevra Rinaldi mais Mia Madison, de Los Angeles.”
“Tu as vraiment tout prévu, n’est-ce pas ?”
Maya pouffa de rire. “Ginevra, après cinq années d’escapades secrètes, je pourrais même m’évader d’une prison”, dit elle, ce qui détendit l’atmosphère.

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