Aucune faiblesse n'est permise dans mon univers.
Rien n'avait jamais ébréché ma cuirasse ni mes ténèbres avant qu'elle n'arrive.
Tessa Rivera, la fille de l'ennemi-juré de ma famille.
J'aurais dû la réduire à néant et la renvoyer à son père. Et, au contraire, j'ai fini par tomber amoureux d'elle.
Un amour fou, intense, capable de me faire oublier qui j'étais et tout ce que je représentais.
Avec sa pureté elle avait illuminé mon âme ténébreuse et je l'avais accueillie et protégée, jusqu'à me donner tout à elle.
Cela ne m'était jamais arrivé ; mais je la croyais différente et je m'étais laissé entraîner par elle.
Je n'aurais jamais imaginé que je commettais une erreur impardonnable mais la balle qui me transperça la poitrine, à quelques centimètres du cœur, en est la preuve.
Tessa m'avait tiré dessus et puis s'était enfuie.
J'ai lutté, entre la vie et le mort, et j'ai vaincu.
À présent je pars à la recherche de ma femme à laquelle je ferai chèrement payer tous ses mensonges et les instants passés à mes côtés.
CHAPITRE 1: Luke
Je t'aime, Luke.
La voix de Tessa retentit
comme un écho à mes oreilles, mais mes sens étaient embrumés.
Je ne parvenais pas à faire la
distinction entre la réalité et ce qui n'était que le fruit de mon imagination.
J'avais l'impression d'être un
papillon en train de sortir du cocon, avec les ailes froissées, les pattes
incertaines et les sens peu réactifs.
Que m'arrive-t-il ?
Avec difficulté, j'essayai
d'ouvrir les yeux. Mes paupières semblaient collées et la lumière de la pièce
provoqua des élancements de douleur qui se propagèrent jusqu'à mon cerveau.
J'essayai de me concentrer sur
l'ouïe. Je percevais du bruit et de l'animation autour de moi mais j'avais
l'impression d'avoir du coton dans les oreilles. Tous les sons me parvenaient
étouffés. À grand-peine entendais-je quelqu'un m'appeler, sans pouvoir
reconnaître la voix.
Tessa, où es-tu ?
Je m'efforçai d'ouvrir la
bouche.
Sur mon visage, Je sentis
qu'un appareil m'immobilisait les joues.
Je tentai de parler mais seul
un faible gémissement sortit de ma gorge. Cet effort provoqua un nouvel
élancement et une telle fatigue que je me rendormis presque aussitôt.
À mon second réveil, je me
sentis plus fort et j'essayai de remuer une main. Des aiguilles en enfilade me
transpercèrent le bras et la poitrine mais je tins bon.
J'essayai d'inspirer à fond
mais, à peine soulevai-je la poitrine qu'une douleur sourde et féroce rayonna
dans tout mon corps. Si j'avais eu la force nécessaire j'aurais hurlé, mais je
me limitai à rester en apnée pendant quelques secondes. Puis je laissai l'air
refluer lentement de mes poumons.
Que diable m'est-il arrivé
?
Je ne me souvenais de rien.
Effrayé et épuisé, j'essayai
de nouveau de focaliser ma vue sur l'environnement immédiat.
Je tournai la tête et je vis
mon père.
« Lukyan, ne t'agite pas.
Calme-toi. Tout ira bien à présent », murmura-t-il d'une voix grave et lasse.
Je regardai dans sa direction et, après un certain temps, je parvins à le voir.
De profondes rides striaient son visage, comme s'il avait dû traverser l'enfer
à pied et combattre avec le diable en personne. Son regard était soucieux. Il
avait pris un terrible coup de vieux.
Je me retournai et je vis
Denver. Il était loin du lit mais je pouvais percevoir l'expression du
désespoir et sa douleur, tandis qu'il me regardait d'un air bouleversé.
Comme un éclair dans un ciel
serein, le souvenir de Tessa émergea des plis de ma mémoire.
Tessa... Où est ma femme ?
J'essayai de parler, peine perdue.
Je me démenai sous le masque à
oxygène mais, en essayant de lever le bras pour l'ôter, un nouvel élancement de
douleur me parcourut jusqu'à l'extrémité des membres.
Je m'agitai.
Mon père comprit probablement
mon état d'esprit et essaya d'abaisser le masque.
Avec fatigue, je parvins à
articuler : « Tessa », tandis qu'un vide immense se créait dans ma poitrine,
engloutissant mon âme. Que m'arrivait-il ? Je n'arrivais pas à comprendre. Je
savais seulement que quelque chose était perdu pour toujours. Quelque chose qui
remplissait l'emplacement qui était au fond de mon cœur. Tout à coup, saisi de
panique, mon rythme cardiaque s'accéléra. La souffrance qui en découla paralysa
mon corps.
Je regardai mon père pour le
supplier de m'aider mais,dans ses yeux, je ne lus que de la haine.
Il replaça le masque sur mon
visage avant de s'éloigner, comme s'il ne pouvait pas rester une seconde de
plus à côté de moi.
Je fermai les yeux pour
contenir cette douleur qui me tuait à petit feu.
Heureusement, des médecins
accoururent et, en peu de temps, ils réglèrent le dosage de la perfusion ce qui
apaisa aussitôt mes souffrances.
Pendant quelques temps je me
sentis léger et libéré de tout souci.
J'émergeai de cet océan de
souffrances qui me brouillait l'esprit et, finalement, les souvenirs et les
pensées redevinrent lucides.
Tessa. Elle était le seul
repère sur lequel me concentrer.
Tout d'un coup je la revis
dans notre chambre, face à moi et pointant le pistolet dans ma direction.
« Nos chemins se séparent ici.
Toi et moi ne pouvons pas rester ensemble. » La voix de ma femme me traversa
l'esprit et puis... Un coup de feu !
Un seul coup tiré à bout
portant dans ma direction.
L'espace d'un instant je
revécus les sensations que j'avais éprouvées alors : douleur, rage, choc,
déception...
Tessa m'avait tiré dessus.
Finalement cette douleur à la
poitrine eut une signification.
Je sentis mon âme noire damnée
revenir avec force à la surface mais, avant de reprendre la main, les
analgésiques m'obscurcirent l'esprit de nouveau, me précipitant dans un sommeil
profond et sans rêves ; mais pendant ce sommeil, mon obscurité se reconstitua
et emprisonna ce vide qui me dévorait l'âme.
Ce vide laissé par ma femme à
l'instant-même où elle m'avait trahi et trompé, me faisant croire qu'elle
m'aimait.
Quand je me réveillai, ce
reste d'amour pour elle avait été phagocyté par la colère.
Tessa, tu paieras par ta
vie tout ce que tu m'as fait.
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